RM KANDY: Délaisser l’entreprise familiale pour suivre sa propre voie
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Article par Anne-Lovely Etienne
Dans la série Se choisir contre l’avis de ses parents,Porte-monnaie a rencontré trois entrepreneurs montréalais tous issus de l’immigration. Alors qu’ils portent en eux le rêve de se lancer en affaires, l’obstacle de décevoir leurs parents qui ont tout sacrifié pour eux se dressent contre eux. Désirant à tout prix plaire à leurs géniteurs, ils poursuivent plutôt des études traditionnelles et une carrière stable avant de véritablement choisir leur voie.
«Où as-tu acheté ce bijou?», est une question à laquelle a souvent répondu Ramona Meghdadi, une styliste fabricant ses propres bijoux à la main. C’est d’ailleurs cette question qui a convaincue la femme d’origine iranienne de transformer sa passion en boulot à temps plein.
L’importance de l’éducation
Enfant, Ramona Meghdadi quitte l’Iran pour le Québec avec ses parents et son frère. Née dans une famille d’entrepreneurs, elle termine des études universitaires en sciences politiques et en comptabilité pour finalement se consacrer à l’entreprise familiale.
Ramona Meghdadi se souvient du chemin parcouru avec sa famille et l’importance de l’éducation pour ses parents.
« Mes parents sont très éduqués et lorsqu’ils sont arrivés ici, ils n’ont pas pu travailler dans leur domaine, car leurs études n’étaient pas reconnues. Ils voulaient m’offrir à mon frère et moi la possibilité qu’ils n’ont pas eue », exprime-t-elle.
« Pour les Iraniens, les études supérieures sont vraiment importantes. J’ai fréquenté les meilleures écoles. Ils m’ont tout donné. Je n’avais pas les mêmes moyens que les autres étudiants, mais j’avais leur amour et leur support », poursuit-elle.
Comme l’ont souhaité son père et sa mère, Ramona a appris le français et l’anglais à l’école puis a entamé une carrière dans le domaine des finances.
« Au début de ma carrière, j’ai commencé à travailler à la banque. Puis, je travaillais en comptabilité. Sous l’influence de ma famille, je me disais que ce dans ce genre de profession, qu’il y aurait toujours du travail et que c’était stable », se rappelle la femme d’affaires.
Entre temps, la famille vit un drame qui changera à jamais la relation qu'entretient la jeune entrepreneure avec ses parents.
« Mon frère est mort assassiné. Il ne restait que moi. Je me sentais redevable envers mes parents. Ça m’a mis beaucoup de pression, ils avaient toujours peur pour moi. Comme étant leur seul enfant, ils étaient très protecteurs envers moi et je le comprenais », confie Ramona Meghdadi.
Après six ans à travailler en finances, elle ne se plaît pas dans ce milieu et décide plutôt de donner un coup de main à l’entreprise familiale.
« Mes parents ont éventuellement possédé leur propre entreprise. J’ai touché à presque tous les aspects d’une petite entreprise. J’ai appris beaucoup sur le terrain », explique-t-elle.
Toutefois, sa vision des affaires diffère de celle de ses parents...
« Ça peut être très challenging de travailler avec ta famille. Puis à travers les années, je voulais changer les choses, mais mes parents étaient entêtés. Je n’étais plus heureuse, mais je me sentais très coupable de partir », révèle-t-elle.
C’était l’arrivée des réseaux sociaux. Je voulais faire du marketing autrement. Mes parents aimaient toutefois la manière traditionnelle de faire les choses, dit-elle.
Toutefois, elle n’a pas eu besoin de partir. La compagnie a été mise en vente et ses parents ont choisi la retraite.
Les débuts de RM KANDY
Ce chapitre clos de sa carrière permet à la quarantenaire de toucher à d’autres domaines artistiques, avant de lancer son entreprise de bijoux RM Kandy.
« Après une opération qui m’a obligé à un arrêt de travail de deux mois et demi, j’ai commencé à confectionner des bijoux. Cela faisait longtemps que j’en confectionnais, mais là je me disais que c’était le temps de démarrer pour de bon », se remémore-t-elle.
Cela fait maintenant deux ans et demi que la collection de bijoux boho chic RM Kandy est née.
« Je réalise aujourd’hui il ne faut pas vivre pour les autres, ni même pour ses parents, mais bien pour soi », conclut-elle.